Master II, module 524 : la corrélation électronique

P.Reinhardt

Laboratoire de Chimie Théorique, Université Pierre et Marie Curie - Paris VI,
4 place Jussieu, F - 75252 Paris CEDEX 05, France
Peter.Reinhardt@upmc.fr



Abstract

Ce document est une rédaction de mes notes du cours du master, donné en novembre 2004.

Mar 18, 2005 Au cas où les intégrales ou parenthèses ne soient pas correctement dessinées sous LINUX la page d'I. Hutchinson (http://hutchinson.belmont.ma.us/tth/symfontconfig.html) donne une solution.

Introduction

La solution Hartree-Fock d'un système à n électrons à couches fermées est un déterminant F0, contitué des orbitales moléculaires fi([r\vec]) qui, à leur tour, sont des combinaisons linéaires des fonctions de base ou orbitales atomiques ca([r\vec]) : fi([r\vec]) = åa = 1N ca i ca([r\vec]).


|F0ñ 
=
F0( ®
r
 

1 
s­, ®
r
 

2 
s¯¼, ®
r
 

n-1 
s­, ®
r
 

n 
s¯)
=
1
  __
Ön!
ê
ê
ê
ê
ê
ê
ê
ê
f1( ®
r
 

1 
)s­
f1( ®
r
 

2 
)s¯)
¼
f1( ®
r
 

n-1 
)s­
f1( ®
r
 

n 
)s¯
:
···
:
fn/2( ®
r
 

1 
)s­
¼
fn/2( ®
r
 

n 
)s¯
ê
ê
ê
ê
ê
ê
ê
ê
   
=
|f1,
f1
 
, ...., fn,
fn
 
ñ   avec |fiñ  = fi( ®
r
 
s­  et  |
fi
 
ñ  = fi( ®
r
 
s¯
Elle est normée (áF0|F0ñ = 1) et elle minimise l'énergie totale du système en question


EHF   =  áF0|H|F0ñ
avec l'hamiltonien en unités atomiques
H   = ENN  - 1
2
n
å
i 
Di -
å
I 

å
i 
ZI
| ®
R
 

I 
- ®
r
 

i 
|
+
å
i 

å
j > i 
1
| ®
r
 

i 
- ®
r
 

j 
|
contenant la répulsion des noyaux (ENN), l'énergie cinétique de chaque électron, l'attraction noyau-électron et la répulsion des électrons entre eux.

Nous observons que le déterminant Hartree-Fock n'obeit pas à l'équation de Schrödinger HY  = E Y; elle est juste une approximation respectant le principe de Pauli, en laissant chaque électron se balader indépendamment des autres dans le champ moyen de tous les électrons. L'équation de Schrödinger pour la fonction d'onde - une équation pour les 3n coordonnées des électrons - devient une équation à 3 coordonnées pour chaque orbitale séparément avec un opérateur de Fock F
F fi( ®
r
 
) = ei fi( ®
r
 
)       .

L'opérateur de Fock contient les autres électrons implicitement en termes de Coulomb et d'échange par
F fi( ®
r
 
)   =  - 1
2
D+
å
j Î occ 
é
ê
ê
ê
ê
ë
ó
õ
fj( ®
r
 
¢)fj( ®
r
 
¢)

| ®
r
 
- ®
r
 
¢|
d3x¢ fi( ®
r
 
) - ó
õ
fj( ®
r
 
¢)fi( ®
r
 
¢)

| ®
r
 
- ®
r
 
¢|
d3x¢ fj( ®
r
 
) ù
ú
ú
ú
ú
û

Les énergies des orbitales ei sont les intégrales (ou bien les éléments diagonaux de lópérateur de Fock dans la base des orbitales moléculaires)
ei
=
áfi|F|fiñ =

áfi|- 1
2
D-
å
I 
ZI
| ®
R
 

I 
- ®
r
 
|
|fi

hii 
+
å
j Î occ. 
[2(fifi|fjfj) - (fifj|fjfi)]
avec les intégrales mono-électroniques hab et les intégrales bi-électroniques, dans leur notation des chimistes
(ab|cd) = ó
õ
ó
õ
fa*( ®
r
 
fb( ®
r
 
fc*( ®
r
 
¢fd( ®
r
 
¢)

| ®
r
 
- ®
r
 
¢|
d3x d3x¢        .
Cette notation permet d'utiliser facilement la symétrie
(ab|cd) = (ba|cd) = (ba|dc) = (ab|dc) = (cd|ab) = (cd|ba) = (dc|ba) = (dc|ab)       .

Après ces préliminaires et rappels nous pouvons nous intéresser au problème de la corrélation, c'est-à-dire à la résolution de l'équation de Schrödinger à partir d'une solution des équations Hartree-Fock. Le nom corrélation a été choisi pour rappeller que nous allons au-delà de l'approximation à particules indépendantes dans un champ moyen en tenant compte explicitement des positions (et interactions) rélatives entre électrons. Rappellons-nous égalément que l'approximation Hartree-Fock consiste à chercher une solution à un seul déterminant construit à partir des orbitales mono-électroniques (à trouver via les équations Hartree-Fock), sans aucune fonction de deux, trois etc. coordonnées [r\vec]-[r\vec]¢, [r\vec]-[r\vec]¢-[r\vec]¢¢ etc.

Une énergie de corrélation est ce qui nous manque entre l'énergie exacte de l'état fondamental |Yñ (avec H|Yñ = Eexact|Yñ) du système en question et son énergie Hartree-Fock áF0|H|F0ñ. Elle est toujours négative, puisque l'approximation Hartree-Fock ne peut fournir qu'une énergie supérieur à l'énergie exacte.

Il y a deux classes d'approches au calcul de l'énergie de corrélation, dont on parlera dans ce cours : la théorie de perturbation et le calcul variationnel.

1  Théorie de perturbation

Supposons que nous connaissons les solutions de l'équation de Schrödinger pour un hamiltonien H0 approché de l'hamiltonien H complet, et que la différence V  =  H - H0 soit petite (même si nous ne savons pas comment exprimer ``petit''). Nous avons alors des fonctions Fk(0) pour lesquelles nous connaissons
H0 |Fk(0)ñ  =  Ek(0) |Fk(0)ñ       ,
avec áFi|Fjñ = dij. L'état fondamental (non-dégénéré) de cet hamiltonien H0 sera désigné |F0ñ avec énergie E0(0).

1.1  Développement général

Nous parametrons ensuite l'hamiltonien, la fonction d'onde Y et l'énergie E avec un paramètre l
H = H0  + l V
|Yñ = ¥
å
n = 0 
ln |Y(n)ñ
E0 = ¥
å
n = 0 
ln E0(n)        .
Pour l = 0 nous avons notre système connu (H0), et pour l = 1 le système polyélectronique de l'hamiltonien complet est décrit. Les fonctions |Y(n)ñ sont développées sur la base des |Fk(0)ñ :
|Y(n)ñ  =   ¥
å
k = 1 
 |FkñáFk|Y(n)ñ =   ¥
å
k = 1 
 ck(n) |Fkñ
et nous pouvons admettre l'orthogonalité áY(n)|Y(m)ñ = dnm. Il reste à déterminer les coefficients ck(n) et les énergies E0(n) pour obtenir l'énergie corrélée E0 de l'état fondamental. Pour cela nous écrivons l'équation de Schrödinger et nous en sortons des contributions d'ordre commun dans le paramètre l, puisque cette équation doit être respectée pour toute valeur de l :


H|Yñ = E0 |Yñ® (H0+lV) ¥
å
n = 0 
 ln |Y(n)ñ = ¥
å
m = 0 
 lm E0(m) ¥
å
k = 0 
 lk |Y(k)ñ
(1)

Alors par puissances de l :


l0 :       H0 |Y(0)ñ 
=
 E0(0) |Y(0)ñ
l1 :  H0 |Y(1)ñ+V |Y(0)ñ 
=
 E0(0) |Y(1)ñ+  E0(1) |Y(0)ñ
Multiplication avec áY(0)| = áF0| et intégration, puis avec áFk|, donne


áF0|H0|Y(1)ñ
= 0 
+ áF0|V|Y(0)ñ  
=
 E0(0) 

áF0 | Y(1)ñ
= 0 
+ E0(1) 

áF0 | Y(0)ñ
= 1 


áFk|H0|Y(1)ñ
= Ek(0)áFk|Y(1)ñ 
+ áFk|V|Y(0)ñ  
=
 E0(0) áFk | Y(1)ñ+  E0(1) 

áFk | Y(0)ñ
= 0 

alors E0(1) = áF0|V|Y(0)ñ = áF0|V|F0ñ et
ck(1) = áFk|Y(1)ñ = áFk|V|F0ñ
E0(0) - Ek(0)
       .
Nous avons alors toujours
E0(0) + E0(1)   =  áF0|H0 + V|F0ñ  =  áF0|H|F0 ñ  =  EHF        .
La même opération à l'ordre deux :
l2 :   H0 |Y(2)ñ+V |Y(1)ñ 
=
 E0(0) |Y(2)ñ+  E0(1) |Y(1)ñ+  E0(2) |Y(0)ñ


áF0|H0|Y(2)ñ
=  0 
+ áF0|V|Y(1)ñ  
=
 E0(0) 

áF0 | Y(2)ñ
= 0 
+ E0(1) 

áF0 | Y(1)ñ
= 0 
+ E0(2) áF0 | Y(0)ñ
E0(2)  =  áF0|V|Y(1)ñ  
=

å
k 
áF0 |V|Fk ñáFk |V|F0 ñ
E0(0) - Ek(0)
  <  0  (Energie)


áFk|H0|Y(2)ñ
=   Ek(0) áFk|Y(2)ñ 
+ áFk|V|Y(1)ñ  
=
 E0(0) áFk | Y(2)ñ+ E0(1) áFk | Y(1)ñ+ E0(2) 

áFk | Y(0)ñ
= 0 
ck(2)  =  áFk|Y(2)ñ 
=
áFk|V|Y(1)ñ
E0(0) - Ek(0)
- E0(1)  áFk|Y(1)ñ
E0(0) - Ek(0)
  (fonction d¢onde)
Alors pour n'importe quel ordre n nous obtenons l'énergie et les coefficients de la fonction d'onde à partir de l'énergie et de la fonction d'onde de l'ordre n-1 :
E0(n) 
=
 áF0|V|Y(n-1)ñ                 (Energie)
(2)
ck(n)  =  áFk|Y(n)ñ 
=
áFk|V|Y(n-1)ñ
E0(0) - Ek(0)
- E0(n-1)  áFk|Y(1)ñ
E0(0) - Ek(0)
         (fonction d¢onde)  .
(3)

1.2  Perturbation à partir de la fonction Hartree-Fock

Appliquons le développement général au cas d'une fonction d'onde Hartree-Fock pour un système de 2n électrons à couches fermées, avec N orbitales moléculaires.


F fi( ®
r
 
=
  ei fi( ®
r
 
)     pour   i = 1, ¼, N
|F0ñ 
=
|f1,
f1
 
, ...., fn,
fn
 
ñ
áF0|H|F0ñ 
=
 EHF         (mais pas   H|F0ñ  =  EHF|F0ñ)

et nous définissons d'après Møller et Plesset (C. Møller, M. S. Plesset, Phys.Rev. 46 (1934) 618) H0 et la perturbation V


H0  
=
  N
å
i = 1 
Fii aif ai   =  
å
i 
[ hii+ (2 Jii - Kii) ] aif ai
V  
=
H - H0   =  
å
ij 
1
rij
 aif ajf aj ai   -
å
i 
(2 Jii - Kii)  aif ai
avec les opérateurs de création aif et d'annihilation ai, l'opérateur de Fock F et les opérateurs de Coulomb J et d'échange K
Jab 
=
 
å
j Î occ. 
ó
õ
ó
õ
f*a( ®
r
 

1 
) fb( ®
r
 

1 
) f*j( ®
r
 

2 
) fj( ®
r
 

2 
)

| ®
r
 

1 
- ®
r
 

2 
|
 d3r1  d3r2 =
å
j Î occ. 
(ab|jj)
Kab 
=
 
å
j Î occ. 
ó
õ
ó
õ
f*a( ®
r
 

1 
) fb( ®
r
 

2 
) f*j( ®
r
 

2 
) fj( ®
r
 

1 
)

| ®
r
 

1 
- ®
r
 

2 
|
 d3r1  d3r2 =
å
j Î occ. 
(aj|jb)
puis   hab 
=
  ó
õ
f*a( ®
r
 
) é
ê
ê
ê
ë
- 1
2
D +
å
I Î noyaux 
-ZI
| ®
r
 
- ®
R
 

I 
|
ù
ú
ú
ú
û
fb( ®
r
 
)  d3r

Ceci donne pour le déterminant Hartree-Fock de l'état fondamental
H0 |F0ñ  =  H0 |f1,
f1
 
, ...., fn,
fn
 
ñ  =   æ
è
n
å
i = 1 
ei ö
ø
|F0ñ  ¹  EHF
et pour n'importe quel autre déterminant |Fkñ correspondant à un état excité la somme des énergies ei des orbitales fi occupées dans ce déterminant. Pour un déterminant diexcité |Fkñ = |Fijabñ = |f1, [`(f1)], ..., fa, [`(fi)], ..., fb, [`(fj)], ..., fn, [`(fn)]ñ par exemple nous avons
E0(0) - Ek(0) = ei+ej-ea-eb    <  0       .
Développons maintenant l'énergie et la fonction d'onde ordre par ordre. En premier ordre nous avons l'énergie Hartree-Fock :
E0(1) = áF0|V|F0ñ = áF0|H -H0|F0ñ  ® E0(0)+E0(1) = áF0|H|F0ñ  =  EHF
et les coefficients


|Y(1)ñ  =  
å
k 
áFk| V|F0ñ
E0(0) - Ek(0)
 |Fkñ  =   n
å
i, j = 1 
   N
å
a, b = n+1 
 
å
spins 
áF (isi) (jsj) (asa) (bsb)|V|F0ñ
ei + ej - ea - eb
 |F (isi) (jsj) (asa) (bsb)ñ    .
(4)
On remarque qu'il n'y a que les déterminants diexcités qui interviennent dans l'expression des coefficients : les déterminants monoexcités n'interagissent pas avec le déterminant Hartree-Fock (théorème de Brillouin : áF0|H|Fiañ = Fia = 0), et les déterminants avec trois ou plus d'électrons excités ne peuvent pas non plus interagir avec la référence F0 par un opérateur bi-électronique comme l'hamiltonien H.

Une diexcitation ij® ab implique six différents paires de spins : ij ® ab, [`\i]j ® [`a]b, [`\i]j ® a[`b], i[`\j] ®[`a]b, i[`\j] ® a[`b] et [`\i] [`\j] ® [`a][`b]. Nous définissons d'ailleurs que les diexcitations ij ®ab et [`\i] [`\j] ® [`a][`b] sont les déterminants |f1[`(f1)]¼fa[`(fi)]¼fb[`(fj)]¼fn[`(fn)]ñ et |f1[`(f1)]¼fi[`(fa)]¼fj[`(fb)]¼fn[`(fn)]ñ. Cette définition est nécessaire parce que par exemple |f1[`(f1)]¼fa[`(fi)]¼fb[`(fj)]¼fn[`(fn)]ñ = -|f1[`(f1)]¼fb[`(fi)]¼fa[`(fj)]¼fn[`(fn)]ñ. Avec ces précisions nous pouvons écrire l'énergie et les coefficients de la fonction d'onde au deuxième ordre.
E0(2) 
=
  n
å
i £ j = 1 
   N
å
a £ b = n+1 
 
å
spins 
áF0|V|FijabñáFijab|V|F0ñ
ei + ej - ea - eb
(5)
=
  1
2
n
å
i, j = 1 
   N
å
a, b = n+1 
  [ 2 (ia|jb)-(ib|ja)] (ia|jb)
ei + ej - ea - eb
(6)
Comme exercice on pourrait vérifier le passage de la ligne 5 vers la ligne 6 on jouant avec les sommations, i £ j, a £ b et la symétrie
(ia|jb)2+(ib|ja)2-(ia|jb)(ib|ja) ® 2(ia|jb)2 -(ia|jb)(ib|ja) = [ 2 (ia|jb)-(ib|ja)](ia|jb)     .

Nous remarquons également que l'énergie de corrélation au deuxième ordre est toujours négatif, parce qu'en équation 5 nous avons un numérateur positif (éléments de matrice au carré) sur un dénominateur négatif ; la corrélation baisse l'énergie totale.

La fonction d'onde au deuxième ordre est (éq. 3)
|Y(2)ñ 
=
 
å
k 
|FkñáFk|Y(2)ñ  =  
å
k 
|Fkñ é
ê
ë
áFk|V|Y(1)ñ
E0(0)-Ek(0)
- E0(1)
E0(0)-Ek(0)
áFk|Y(1)ñ| ù
ú
û
=

å
k 

å
m 
|FkñáFk|
E0(0)-Ek(0)
V |FmñáFm|
E0(0)-Em(0)
V|F0ñ-
å
k 
|FkñáFk|
E0(0)-Ek(0)
V |F0ñáF0|
E0(0)-Ek(0)
V|F0ñ
et alors l'énergie au troisième ordre (éq. 2)
E0(3)  
=
áF0|V|Y(2)ñ
=  
å
k 

å
m 
áF0|V |FkñáFk|
E0(0)-Ek(0)
V |FmñáFm|
E0(0)-Em(0)
V |F0ñ- áF0|V|F0ñ 
å
k 
áF0|V|FkñáFk| V|F0ñ
(E0(0)-Ek(0))2
(7)
=
A(3) + B(3)
où nous avons introduit deux parties, A(3) et B(3), qui seront utilisées plus loin. Nous voyons que le développement sur des orbitales et spins et l'application des simplifications comme au deuxième ordre devient rapidement une entreprise compliquée, malgré la systématique introduite. Chaque ordre demande une sommation nouvelle, donc une explosion du nombre de différents termes à tenir compte.

Contraire à l'énergie à l'ordre deux nous n'avons pas d'indication sur le signe de la contribution à l'ordre trois : elle peut être positive ou négative, dépendant du cas particulier. En général, la contribution MP3 est petite par rapport à la contribution MP2.

Pour ces deux raisons, souvent on s'arrète au deuxième ordre (MP2), en espérant que les ordres supérieurs ne donnent que des contributions faibles; en pratique on a en MP2 déjà à peu près 90 % de l'énergie de corrélation totale.

1.3  Un exemple

Un calcul sur une molécule H2O peut donner quelques nombres. Un calcul simple avec 40 orbitales atomiques (3 fonctions s, 2 p et une d sur l'oxygène, 2 fonctions s et une p sur chaque atome d'hydrogène) et un calcul un peu plus grand (108 orbitales atomiques : 5 s, 3 p, 2 d et 1 f sur oxygène, 4 s, 3 p et 2 d sur chaque hydrogène) sont rassemblés dans le tableau .

TABLEAU 1: Deux calculs pour une molécule d'eau.
petite base grande base
méthode ECorr contribution ECorr contribution
(u.a.) (u.a.) (u.a.) (u.a.)
HF -76.02177 - -76.056856 -
MP2 -0.19762 -0.19762 -0.263888 -0.263888
MP3 -0.20508 -0.00746 -0.267642 -0.003736
MP4 -0.20965 -0.00458 -0.278312 -0.010688
CCSD(T) -0.20995 - -0.277190 -
Full CI -0.216573 - - -

1.4  Langage diagrammatique

Pour travailler plus profondement avec les équations de la théorie de la perturbation, et pour notamment prouver une propriété importante, nous allons introduire un système graphique - un langage diagrammatique, d'après les travaux de Goldstone (1957).

Figure
#1Un diagramme représentant une contribution au quatrième order de perturbation Møller-Plesset. A gauche il n'y a que les points d'interaction biélectronique, au milieu le diagramme complet, et à droite le diagramme avec les lignes horizontales pour déterminer le dénominateur.

Une contribution à l'ordre n est représentée par n points dédoublés empilés (étape 1 sur la figure). Ensuite nous mettons dans chaque point une ligne descendante (trou ou orbitale occupée) et une ligne montante (particule ou orbitale virtuelle) pour relier tous les points du diagramme par des chemins fermés. Nous devrons établir toutes les possibilités de relier les points une par une, et trouver la contribution à l'énergie de corrélation de chaque diagramme. Pour cela il y a un jeu de règles à appliquer :

  1. Nous sommons sur toutes les lignes internes du diagramme

    å
    i 

    å
    j 

    å
    k 

    å
    l 

    å
    a 

    å
    b 

    å
    c 

    å
    d 
  2. chaque liaison horizontale entre 2 points donne lieu à une intégrale biélectronique en notation des chimistes regroupant les orbitales qui se retouvent dans un point
    (ib|kc)(kl|cd)(ja|ld)(ia|jb)
  3. nous mettons une ligne horizontale entre chaque paire de points. Chaque ligne donne un facteur au dénominateur par les énergies des orbitales åi Î occ ei - åa Î virtea dont les lignes sont coupées par la ligne horizontale :
    (ei+ek-eb-ec)(ei+el-eb-ed)(ei+ej-ea-eb)
  4. le signe de la contribution est donnée par le nombre de boucles fermées et le nombre de trous comme
    (-1)boucles + trous
  5. si le diagramme possède d'un plan de symétrique vertical, nous devrons le multiplier par un facteur 1/2.
  6. pour tenir compte des différents combinaisons de spins pour un système à couches fermées nous multiplions la contribution par un facteur 2boucles

Appliqué au diagramme du quatrième ordre de la Figure 1.4 cela donne
(-1)4+2  22 
å
ijkl 

å
abcd 
(ib|kc) (kl|cd) (ja|ld) (ia|jb)
(ei+ek-eb-ec) (ei+el-eb-ed) (ei+ej-ea-eb)
       .

Au deuxième ordre nous avons seulement deux diagrammes

Figure
#1Les deux diagrammes fondamentaux de MP2.

qui nous donnent tout de suite l'expression dérivée auparavant (équation 6) :
E(2)   =   1
2
é
ê
ë

å
ij 

å
ab 
(ia|ib)2
ei+ej-ea-eb
-
å
ij 

å
ab 
(ia|ib)(ib|ja)
ei+ej-ea-eb
ù
ú
û

A quoi bon ce langage diagrammatique - nous avons déjà établi les expressions analytiques ? Parfois il est utile, surtout si on s'intéresse aux développements méthodologiques. Tout de suite nous établissons qu'au deuxième order il n'y a que des déterminants diéxités (comme au troisième ordre parce que nous ne pouvons qu'aller de la réference |F0ñ vers des diexcités |FDñ, ensuite de |FDñ®|FDñ pour refermer le chemin par |FDñ®|F0ñ), et au quatrième ordre il y a des déterminants mono-, di-, tri- et quadriexcités à respecter : Figure

Nous voyons par la suite autres deux autres applications des diagrammes.

1.5  La compensation de termes au troisième ordre

Nous introduisons un système modèle, constitué de N molécules d'hydrogène sans interaction intermoléculaire, en base minimale. Les deux électrons de chaque molécule sont alors dans une orbitale occupée, et une orbitale virtuelle est produite sur chaque site.

Figure

Nous n'avons que deux énergies orbitalaires
e1  
=
 h11 + ( 2 J11-K11) = h11+ (11|11)
e2  
=
 h22 + 2 J12 - K12 = h22 + 2 (11|22) - (12|12)
et donc qu'un seul dénominateur
D = E0(0) - Ek(0) = 2 (e1 - e2) < 0        .
L'énergie en ordre zéro est de E0 = 2 N e1 , et l'énergie Hartree-Fock de
EHF = 2 N h11 + N (2 J11 - K11) = N (2 h11 + J11)       ,
les deux bien proportionnelles au nombre de molécules N. La correction de l'énergie au premier ordre est
E0(1) = áF0|V|F0ñ = áF0|H-H0|F0ñ = EHF-E0(0) = -N J11        .

L'énergie au deuxième ordre nous fournit l'élément de matrice áF0|V|Fkñ :
E0(2)  =  -
å
ijab 
(2 (ia|jb)-(ib|ja)) (ia|jb)
D
= N K122
D
  ® áF0| V|Fkñ = K12        .

Avec ces préliminaires nous pouvons exprimer tout de suite le deuxième terme de l'équation 7 (E(3) = A(3)+B(3)) :


B(3)  =  -áF0|V|F0ñ 
å
k 
  áF0| V|Fkñ2
D2
  =  -(-N J11) N  K122
D2
~ N2
(8)

et nous nous apercevons que ce terme a une croissance quadratique avec le nombre de particules. Nous devons alors trouver dans A(3) une contribution qui contrebalance cette proportionnalité inattendue.

Calculons alors le terme A(3) :
A(3)  =
å
k 

å
m 
áF0|V |FkñáFk|
E0(0)-Ek(0)
V |FmñáFm|
E0(0)-Em(0)
V |F0ñ =
å
k 

å
m 
K122
D2
áFk|V|Fmñ
Par construction l'élément áFk|V|Fmñ ne peut être différent de zéro qu'à condition que l'excitation k et l'excitation m soient sur la même molécule, donc

å
k 

å
m 
áFk|V|Fmñ  ®   N áF1[`1]2[`2] |V|F1[`1]2[`2] ñ
(9)
Nous savons que
á11 _
1
 

1 
¼2i _
2
 

i 
¼|H | 11 _
1
 

1 
¼2i _
2
 

i 
¼ñ
=
(N-1) ( _
1
 
  _
1
 
|11) +( _
2
 
  _
2
 
|22) + 2(N-1) h11 + 2 h22
á11 _
1
 

1 
¼2i _
2
 

i 
¼|H0 | 11 _
1
 

1 
¼2i _
2
 

i 
¼ñ
=
2(N-1) e1 +2 e2
L'insertion des e et la différence H-H0 nous donnent l'élément de matrice cherché :
áFk|V|Fmñ = -(N-1) J11 + J22 -4 J12 +2 K12
et alors
A(3)  =  - N2J11K212
D2
+ N  J11+J22-4 J12+2 K12
D2
K212        .
(10)
La somme d'équation 8 et équation 10 et (E(3)) a donc une croissance correcte avec le nombre de particules par la compensation des termes quadratiques en N.

Dans un développement diagrammatique nous n'avons pas cette compensation : la partie áF0|V|F0ñ du terme B(3) n'ayant pas d'équivalent diagrammatique, ce terme doit être nécessairement compensé quelque part. Dès le début nous n'incluons que des termes à croissance proportionnelle au nombre de particules, mais nous avons 12 diagrammes différents à considérer au lieu de deux termes analytiques.

Figure
#1Les 12 diagrammes à respecter au troisième ordre de perturbation. Pour chaque diagramme le signe et le poids est indiqué.

Dans notre système modèle les interactions biélectroniques ne sont différents de zéro qu'à condition que les 4 orbitales impliquées soient sur la même molécule. Par conséquent les connexions et les indices dans un diagrammes ne peuvent jamais sortir de cette molécule ; nous avons alors un diagramme par molécule pour n'importe quel ordre de perturbation et alors toujours une croissance linéaire avec le nombre de particules. Ceci constitue le théorème des agrégats liés (Linked Cluster Theorem) de Goldstone.

Figure
#1Le diagramme à gauche donne lieu à une contribution toujours proportionnelle à N, tandis que le diagramme non-lié à droite amène à une double somme et, par conséquent, à une croissance quadratique de la contribution. Par construction les diagrammes non-liés sont exclus de la série diagrammatique.

1.6  Sommation infinies

Nous pouvons travailler ordre par ordre (MP2, puis MP3, puis MP4 etc.) avec de plus en plus de diagrammes différents. Nous avons vu que le nombre de diagrammes devient rapidement très grand et chaque ordre rajoute une sommation de plus sur des orbitales occupées et une sommation de plus sur les orbitales virtuelles. Une alternative à ce traitement de brute force sera de trouver les interactions les plus importantes et sommer ces interactions le plus loin possible, en négligeant les interactions sans importance, même si leur nombre est plus important. L'idée derrière cette démarche est que l'énergie de corrélation croît linéairement avec le nombre de particules dans une molécule. Par conséquent il devrait exister une manière de rendre le calcul également d'une croissance linéaire, ou au moins d'une croissance inférieure à une croissance exponentielle du nombre de termes à évaluer.

Voyons alors une façon de faire des sommations sans effort supplémentaire. Nous prenons les deux diagrammes fondamentaux (Figure 1.4) et nous introduisons des interactions entre les propagateurs sans changer d'indices du diagramme. La figure montre un exemple que nous allons regarder plus en détail : Figure

Par la sommation immédiate d'une série géométrique la sommation infinie peut s'écrire comme

å
ijab 
(ia|jb)2
Dijab
æ
ç
è
1- (ii|aa)
Dijab
+ (ii|aa)
Dijab
(ii|aa)
Dijab
- (ii|aa)
Dijab
(ii|aa)
Dijab
(ii|aa)
Dijab
+ ¼- ¼ ö
÷
ø
=
 
å
ijab 
(ia|jb)2
Dijab
é
ê
ë
¥
å
n = 0 
æ
ç
è
- (ii|aa)
Dijab
ö
÷
ø
n

 
ù
ú
û
  =  
å
ijab 
(ia|jb)2
Dijab
é
ê
ê
ê
ê
ë
1
1+ (ii|aa)
Dijab
ù
ú
ú
ú
ú
û
=
 
å
ijab 
(ia|jb)2
Dijab+Jia
avec l'intégrale biélectronique Jia = (ii|aa) et le dénominateur Dijab = ei+ej-ea-eb. La sommation infinie se réduit alors en une intégrale supplémentaire dans le dénominateur. En incluant toutes les possibilités de dessiner des diagrammes sans changer les indices Figure

nous réalisons un shift général
Dijab ® Dijab - ~
J
 

ij 
- ~
J
 

ab 
+ ~
J
 

ia 
+ ~
J
 

ib 
+ ~
J
 

ja 
+ ~
J
 

jb 
où [J\tilde]mn est la combinaison Jmn-Kmndsmsn. Elle est dépendant des spins des deux orbitales impliquées. Les éléments d'échange K ne sont présents que si les orbitales sont occupées par des électrons de même spin.

Le nouveau dénominateur peut s'écrire comme
áFijab|H-EHF|Fijabñ
qui nous amène à la perturbation dite Epstein-Nesbet (1955) avec une autre décomposition de l'hamiltonien complet :
H0EN  
=
 
å
I 
 |FIñáFI| H|FIñáFI|
VEN  
=
 
å
I ¹ J 
 |FIñáFI| H|FJñáFJ|
E(0)0  
=
 áF0| æ
è

å
I 
  |FIñáFI|H|FIñáFI| ö
ø
|F0ñ = áF0|F0ñáF0|H|F0ñáF0|F0ñ = EHF
E0(1)
=
 0
et les numérateurs áF0|VEN|FIñ = áF0|H|FIñ = áF0|VMP|FIñ de la série Møller-Plesset. Cette série de perturbation implique déjà au deuxième ordre des sommations de diagrammes de tous les ordres de la série Møller-Plesset. Néanmoins, ses propriétés sont très difficiles à évaluer, ce qui fait que cette décomposition de l'hamiltonien n'est que rarement utilisée aujourd'hui.

2  Interaction de configurations

L'équation de Schrödinger nous sert encore de base de départ
HY  =  E Y       .
Contraire au dévéloppement en série de perturbations nous essayons ici de minimiser l'énergie totale par variation des coefficients du développement de Y en référence F0 déterminants excités FI :
Y = c0 F0 +
å
k 
cI FI

Nous gardons la condition de normalisation áY|Yñ = 1 par un multiplicateur l de Lagrange, ce qui nous donne un fonctionnel L( { cI};l) à minimiser :
E({cI}) 
=
 ác0F0+
å
I 
 cIFI | H|c0F0+
å
J 
 cJFJ ñ
L({cI};l)  
=
 E({cI}) -  l (áY|Yñ-1)

Les dérivées nous amènent avec áFI|H|FJñ = áFJ|H|FIñ à un système d'équations linéaires


0  =   L({cI};l)
cI
 
=
 2  æ
è
cIáFI|H|FIñ+
å
J ¹ I 
cJ áFI|H|FJñ ö
ø
-l æ
è

å
J 
cJ

áYI|YJñ
dIJ 
ö
ø
 
=
 2  æ
è
c0 áF0|H|FIñ+
å
J 
cJ áFI|H|FJñ- l cI ö
ø
0  =   L({cI};l)
c0
 
=
 2  æ
è
c0áFI|H|FIñ+
å
J 
cJ áF0|H|FJñ- l c0 ö
ø

Nous recherchons alors un vecteur propre (c0, {cI}) et une valeur propre l (la plus petite pour l'état fondamental) de la matrice de H dans la base de tous les déterminants excités
æ
ç
ç
ç
ç
è
H00
¼
H0I
¼
:
···
H0I
¼
HII
¼
:
···
ö
÷
÷
÷
÷
ø
æ
ç
ç
ç
ç
è
c0
:
cI
:
ö
÷
÷
÷
÷
ø
  =  l  æ
ç
ç
ç
ç
è
c0
:
cI
:
ö
÷
÷
÷
÷
ø
(11)

Nous nommons l l'énergie totale E et nous normons la fonction en divisant par c0 (normation intermédiaire). La première ligne du système à vecteur propre devient alors une équation pour déterminer l'énergie de corrélation
áF0 | H | F0 ñ+
å
I 
cI áF0 | H |FI ñ  =  l  = Etot   =  EHF + ECorr        .
D'où l'expression générale de l'énergie de corrélation variationnelle
ECorr   =  
å
I 
 cI áFI|H|F0ñ
(12)
où I ne sont que les déterminants diexcités. L'argument de la restriction sur les diexcités est le même que pour la perturbation MP2 : les monoexcitations n'interagissent pas avec la référence grace au théorème de Brillouin, et les excitations au-delà des diexcitations ne peuvent pas non plus interagir avec la référence par un opérateur biélectronique.

Equation 12 est donc toujours utilisable, même si la fonction d'onde contient des déterminants triexcités, quadriexcités etc. Par contre, en perturbation, les déterminants quadriexcités contribuaient explicitement dans l'expression de l'énergie à partir du quatrième ordre - nous n'avions pas de fonction propre de l'hamiltonien. En perturbation (ou autre méthode où HY ¹ E Y) nous sommes en principe amenés à calculer explicitement pour Y = F0+åI cIFI
ECorr
=
Etot - EHF = áY|H|Yñ
áY|Yñ
- áF0|H|F0ñ
=
EHF+
å
I 
[ 2cI áFI|H|F0ñ+ cI2 áFI|H|FIñ] +
å
I < J 
2 cIcJ  áFJ|H|FIñ

1+
å
I 
cI2
- EHF
(13)
Pour dériver des expressions bien plus simples de l'énergie E(2) (éq. 6) et E(3) (éq. 7), en perturbation, nous avions dévéloppé les coefficients de la fonction d'onde et l'énergie en même temps - d'où le besoin de diagrammes impliquant déterminants mono-, di-, tri- etc. excités explicitement. Mais nous n'avions pas une fonction d'onde, puis une énergie pae équation 13, que l'ensemble des amplitudes et énergies après convergence satisfera rigoureusement l'équation de Schrödinger et fournira une fonction d'onde corrélée. Équation 12 nous donne une énergie de corrélation variationnelle, équation 13 une énergie associée à une fonction d'onde quelconque, et équations 6 et 7 des énergies de corrélation perturbatives.

2.1  Réduction de la taille de la matrice d'IC

Pour un calcul d'une interaction de configurations nous avons besoin de la matrice de l'hamiltonien en base des déterminants considérés. Ceci peut être une affaire bien importante : prenons N orbitales moléculaires disponibles, et n­, n¯ électrons (de spin ­ et ¯). Nous arrivons alors à construire
NDet = N!
(N-n­)! n­!
× N!
(N-n¯)!n¯!
(14)
déterminants différents. Pour l'exemple d'H2O (10 électrons dans 24 orbitales moléculaires) ceci nous laisse a priori avec 1.8×109 déterminants est une matrice de H à construire et diagonaliser de la même taille. Ce ``Full CI'' (IC complet) n'est donc possible que pour des systèmes de petite taille.

Une restriction immédiate et intuitive est de réduire le dégré d'excitation en n'utilisant que des déterminants mono- et di-excités - nous avons vu que les coefficients des diexcitations déterminent l'énergie de corrélation. Grace au théorème de Brillouin (interaction nulle entre référence et des monoexcités) notre matrice H prend la forme suivants :
H = æ
ç
ç
ç
è
á0|H|0ñ
0
á0|H|Dñ
0
áS|H|Sñ
áS|H|Dñ
á0|H|Dñ
áS|H|Dñ
áD| H|Dñ
ö
÷
÷
÷
ø
(15)
Des 1.8×109 déterminants de l'IC complet il nous ne resteront que 12636 » 1.8 ×104 déterminants des mono- et diexcitations, c'est-à-dire le problème à resoudre a été réduit d'un facteur 100 000.

Au-delà de cette réduction importante on peut se rendre compte qu'en fait la plupart des éléments de la matrice sont strictement zéro. Nous verrons pourquoi.

2.1.1  Par symétrie de spin

Une fonction d'onde à couches fermées est un singulet, et l'IC ne change point cette propriété. A partir des déterminants simples nous pouvons alors construire des fonctions propres de spin dont les singulets n'interagissent pas avec la référence. Et tout élément de la matrice áYI| H|YJñ entre deux fonctions propres de spin différent devient automatiquement zéro, puisque H n'a pas d'influence sur le spin. Par exemple les deux monoexcitations i® a et [`\i]®[`a] donnent lieu à un singulet YSia = [1/(Ö2)](Fia+F[`\i][`a]) et un triplet YTia = [1/(Ö2)](Fia-F[`\i][`a] ). Le diagramme de Kotani ou diagramme généalogique Figure

nous renseigne sur combien de fonctions propres de spin S nous pouvons construire à partir d'un nombre n d'électrons non-appariés donné. Le nombre N de déterminants excités à utiliser pour construire ces fonctions propres de spin est


N = n/2
å
na = 0 
æ
ç
è
(n/2)!
na!(n/2-na)!
ö
÷
ø
2

 
       .

Ceci ressemble légèrement au triangle de Pascal. Un exemple : quatre couches ouvertes, alors 1+4+1 = 6 simples déterminants disponibles pour former six fonctions propres de spin linéairement indépendantes, dont 2 singlets, trois triplets et un quintet. Avec huit électrons (déterminants au moins quadriexcités) nous aurons 1+16+36+16+1 = 70 différents déterminants pour 14 singlets indépendants ; la réduction de la matrice à diagonaliser devient un fait important.

2.1.2  Construction de fonctions propres de spin

Ce chapitre est un peu indépendant du reste, puisque pour un calcul d'IC il nous suffit en principe de savoir qu'il y a une réduction d'effort en construisant des fonctions propres de spin. Comment procéder pour cela est une autre paire de manches, qui peut être traité ailleurs. Néanmoins je considère la connaissance des procédures importante, même si je n'en ai pas parlé dans le cours.

Une fonction propre de spin obéit à
S2 |Yñ  =  (h/2p)2 S(S+1) |Yñ
Avec les identités
S2  
=
 Sx2 + Sy2 + Sz2 =  S- S+ + (h/2pSz + Sz2
S- 
=
 
å
i 
s-(i) ;   S+  =  
å
i 
s+(i)
S-S+  
=
 
å
i 
s-(i) s+(i) +
å
i ¹ j 
s-(i) s+(j)
Sz |Yñ 
=
  1
2
(na - nb) |Yñ
æ
è

å
i 
s-(i) s+(i) ö
ø
 |Yñ
=
 nb  (h/2p)2 |Yñ
æ
è

å
i ¹ j 
s-(i) s+(j) ö
ø
 |Yñ
=
(h/2p)2 
å
P 


Pab
Permutation d¢un spina avec un spin b 
|Yñ
nous obtenons finalement une expression pour S2 :
S2  |Yñ  =   ì
í
î

å
P 
Pab + 1
4
((na - nb)2+2 (na+nb) ) ü
ý
þ
 (h/2p)2 |Yñ
(16)

La méthode directe pour obtenir des fonctions propres de spin sera d'établir la matrice áFI|S2|FJñ dans la base de déterminants simples, de diagonaliser cette matrice et de ne retenir que les fonctions propres correspondantes au spin global (valeurs propres) souhaité.

Pour n'obtenir que des combinaisons linéaires de bon spin, nous pouvons nous servir d'un opérateur de projection. L'opérateur
1
(h/2p)2
(S2 -  (h/2p)2 Sk(Sk+1))
appliqué sur une fonction de spin ne nous laisse que la partie qui ne correspond pas au spin Sk. Il suffit alors de retirer d'une fonction d'onde Y toutes les contributions qui ne correspondent pas au spin Sn souhaité par le produit
OSn  =  
Õ
k ¹ n 
1
(h/2p)2
(S2 - (h/2p)2 Sk(Sk+1))
(17)

Si on voulait, par exemple, construire la composante du quartet (S = 3/2) du déterminant |f1f2[`(f)]3ñ = |aabñ on appliquerait l'opérateur éliminant la contribution du doublet (S = 1/2) :
O3/2 |aabñ 
=
ì
í
î

å
P 
Pab + 1
4
((na - nb)2+2 (na+nb) ) ü
ý
þ
|aabñ- 3
4
|aabñ
=
 |aabñ+ |abañ+|baañ  = |f1f2
f
 

3 
ñ+ |f1
f
 

2 
f3ñ+|
f
 

1 
f2f3ñ
Par symétrie nous avons trouvé alors tout de suite la seule combinaison linéaire correspondant à S = 3/2 et Sz = 1/2 à retenir :
Y = 1
Ö3
æ
è
|f1f2
f
 

3 
ñ+ |f1
f
 

2 
f3ñ+ |
f
 

1 
f2f3ñ ö
ø
au lieu des trois déterminants séparés. Plus symboliquement pour |Yñ = a |Y3/2ñ+ b |Y1/2ñ et O3/2 = 1/(h/2p)2 (S2-3/4(h/2p)2) :
O3/2|Yñ 
=
 a  3
2
· 5
2
 |Y3/2ñ- 3
4
 |Y3/2ñ+ b  3
4
 |Y1/2ñ- 3
4
 |Y1/2ñ
=
 a  12
4
|Y3/2ñ = 3 a |Y3/2ñ
La composante |Y1/2ñ a disparu, comme désiré.

2.1.3  En considérant la symétrie spatiale

Supposons que le système en question ait une symétrie spatiale, exprimée par son groupe de symétrie. La densité électronique et alors la fonction d'onde doivent être de la même symétrie spatiale, alors dans la fonction d'onde nous n'avons que a retenir des fonctions excités de la même symétrie spatiale que la référence. Mais, contraire à la symétrie de spin, nous pouvons avoir des éléments áFI| H|FJñ non nuls entre fonction de symétrie différentes, à condition que ses ingrédients donnent une fonction totalement symétrique - sinon, l'intégration á| ñ donne zéro. En langage de la théorie des groupes nous devons établir le produit direct de toutes les représentations irréductibles des contributions à l'intégrand et voir si ce produit appartient à la représentation irréductible a1 du groupe spatiale de la molécule en question. Pour un déterminant ou une combinaison linéaire de déterminants de spin différent, mais avec les mêmes orbitales spatiales, la représentation irréductible de cette fonction est le produit direct des représentations irréductibles de ses orbitales : la première étape est alors, comme pour les spins, de construire des orbitales spatiales adaptées à la symétrie de la molécule. L'hamiltonien H appartient déjà à a1, de même l'opérateur de Fock, ce qui fait que les orbitales canoniques non-dégénérées sont automatiquement fonctions propres des opérations de symétrie. Implicitement ceci était toujours utilisé en parlant des orbitales s, p, d etc pour atomes ou des orbitales s et p pour molécules diatomiques.

Pour établir la symétrie spatiale d'un déterminant il nous faut maintenant un tableau de multiplication de représentations irréductibles pour le groupe spatiale auquel notre molécule appartient. L'affaire est simple pour des représentations irréductibles unidimensionnelles - les seuls groupes avec des représentations irréductibles unidimensionnelles sont les sous-groupes du groupe D2h, ce qui explique pourquoi un certain nombre de programmes de chimie théorique ne peuvent traiter que ces opérations de symétrie. Sinon, la logique interne des programmes, et le maintien de tableaux de multiplication de représentations irréductibles multidimensionnelles et la décomposition des produits en nouvelles représentations irréductibles, devient rapidement très complexe.

Après analyse de la symétrie spatiale, la matrice H devient une matrice décomposée en blocs pour chaque symétrie spatiale différente, et, par conséquent, sa diagonalisation peut se faire bloc par bloc.

Par exemple (voir les exercices) le groupe C2v a les représentations irréductibles a1, a2, b1 et b2 avec le tableau de multiplication suivant


C2v
a1
a2
b1
b2
a1
a1
a2
b1
b2
a2
a1
b2
b1
b1
a1
a2
b2
a1

La partie non-nulle de la matrice de l'hamiltonien se réduit fortement puisqu'il n'y a que les produits directs a1 Äa1 = a2 Äa2 = b1 Äb1 = b2 Äb2 qui donnent a1 : Figure

2.2  Exemple H2

Pour combiner les deux réductions possibles nous regardons une seule molécule d'hydrogène H2, dans un base minimale. Les deux orbitales moléculaires à former s et s* sont de symétrie ``gerade'' (pair) et ``ungerade'' (impair). A partir de la référence nous pouvons construire 6 déterminants différents

Figure

pour lesquelles symétrie spatiale et valeur de S2 sont données. Nous voyons que le seul déterminant ayant les mêmes symétries et de spin et d'espace est la diexcitation g[`g]® u[`u], donc il suffira de construire une matrice 2 × 2 pour un IC complet en base minimale.

La fonction d'onde est Y = F1[`1] + c2[`2] F2[`2] avec le seul paramètre c2[`2] à déterminer. Rappellons-nous les quantités nécessaires pour constriure la matrice H :
EHF  
=
 áF1[`1]|H|F1[`1]ñ = 2 h11+(11|11)
E2[`2] 
=
 áF2[`2]|H|F2[`2]ñ = 2 h22+(22|22)
áF1[`1]|H|F2[`2]ñ = (12|12) = K12
Le système à valeurs propres est donc
æ
ç
è
EHF
K12
K12
E2[`2]
ö
÷
ø
æ
ç
è
1
c2[`2]
ö
÷
ø
  =  E æ
ç
è
1
c2[`2]
ö
÷
ø
(18)
avec les valeurs propres
E±  
=
 EHF +

E2[`2]-EHF
2

D 
±   æ
 ú
Ö

æ
ç
è
E2[`2]-EHF
2
ö
÷
ø
2

 
+K212
 
 
=
 EHF +

D±
Ö

D2+K122

ECorr 
(19)

2.3  Le défaut de croissance avec le nombre de particules

L'IC étant une méthode variationnelle et simple à mettre en uvre, cherchant un minimum d'énergie pour une forme de dévéloppement donnée, elle semble d'être préférable à la perturbation. Néanmoins, l'interaction de configurations souffre d'un défaut de croissance avec le nombre de particules, ce que nous montrons ici.

Prenons nos N molécules d'H2 sans interaction comme dans le chapitre précédent avec les mêmes déterminants di-excités à l'intérieur d'une molécule I (|FIñ = |F1[`1],I2[`2],Iñ)), pour construire l'interaction de configurations restreint aux double excitations. Le système linéaire devient alors
æ
ç
ç
ç
ç
ç
ç
è
EHF
K12
¼
¼
K12
K12
E2[`2]
0
¼
0
:
0
···
···
:
:
:
···
···
0
K12
0
¼
0
E2[`2]
ö
÷
÷
÷
÷
÷
÷
ø
æ
ç
ç
ç
ç
ç
ç
è
1
c2[`2]
:
:
c2[`2]
ö
÷
÷
÷
÷
÷
÷
ø
  =  E  æ
ç
ç
ç
ç
ç
ç
è
1
c2[`2]
:
:
c2[`2]
ö
÷
÷
÷
÷
÷
÷
ø
(20)
Les éléments áFI |H|FJñ sont strictement zéro (voir équation 9), et les coefficients c2[`2],I des excitations sont tous pareils. La solution des équations se trouve en resolvant les deux équations
K12 + c2[`2] E2[`2]
=
c2[`2] (EHF+ECorr)   ®    c2[`2] = K12
ECorr - 2D
EHF + N K12 c2[`2]
=
EHF + ECorr   ®    ECorr = N c2[`2] K12 = N K122
ECorr-D
(21)
avec le D défini auparavant (éq. 19), donc l'équation quadratique en ECorr
ECorr2 -D ECorr-N K122   =  0
avec la solution de plus basse énergie
ECorr   =  D-
Ö
 

D2+N K122
 
       .
(22)
L'énergie de corrélation devient proportionnelle à ÖN au lieu d'une croissance linéaire avec la taille du système.

Ce défaut devient rapidement embettant quand on considère des grandes molécules, et rend une application de l'interaction de configuration restreint aux diexcitations impossible pour des systèmes périodiques, où l'on s'intéresse à l'énergie de corrélation par maille èlémentaire, donc ECorr/N ® (1/N) ® 0 .

Une correction souvent utilisé est celle dite ``de Davidson'', en jouant sur la norme de la fonction d'onde et qui améliore les résultats pour des systèmes pas trop grands. En développant la racine de l'équation 22 nous obtenons
ECorr  
=
 D- D

  æ
 ú
Ö

1+ N K122
D2
 

Ö[(1+x)] » 1 + 1/2x - 1/8x2 
 
»
- N K122
2D
+ N2 K124
8D3
       .
(23)
Nous essayons de compenser le terme proportionel en N2. Nous avons utilisé la norme intermédiaire (Y = F0+åIFI), et nous pouvons normer Y correctement à 1 en divisant tous les coefficients par 1/áY|Yñ, ce qui nous donne un coefficient c0 devant la référence F0. En utilisant l'identité (nous nommons c le coefficient c2[`2])
áY|Yñ = 1 + N c2 ®   1   =   1
áY|Yñ
+ N c2
áY|Yñ
= 1
1+N c2


c02 
+ N c2
1+N c2
(24)
nous pouvons écrire
(1-c02) = N c2
1+N c2
» N c2 (1-N c2) ®N c2
(25)
en ne retenant que le terme proportionnel en N. En multipliant cette approximation avec l'énergie de corrélation (éq. 23) et en utilisant c = K12/(ECorr-2D) » -K12/(2 D) nous trouvons comme terme principal
(1-c02)  ECorr » N K122
D2
æ
ç
è
- N K122
2D
ö
÷
ø
= - N2 K124
8D3
       ,
(26)
le négatif du terme quadratique en N de l'équation 23. En remplaçant ECorr par (2-c02) ECorr avec le c0 de la fonction d'onde normée à 1 nous avons alors compensé le terme en N2, et nous pouvons espérer que cette correction nous laisse utiliser l'IC des mono- et diexcités pour des systèmes plus grands - à condition que N c2 reste petit devant D et 1 pour justifier les approximations introduites.

2.4  IC multi-références

Une autre approche au problème des interactions des configurations limités consiste à n'utiliser que des excitations importantes selectionnées et, par contre, d'inclure quelques configurations d'excitation supérieure. Par exemple, la perturbation nous donne une indication rapide, quelles configurations diexcitées pourraient être importantes. L'ensemble de la référence et de ces diexcités sélectionnées engendre une espace, sur lequel nous pouvons faire des mono- et diexcitations, incluant ainsi tous les déterminants mono-excités et quelques déterminants tri- et quadri-excités.

Cette procédure peut être bien intéressante pour corréler les quatre électrons du système p d'une triple liaison telle que celle d'une molécule N2 ou d'une molécule CO.


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On 18 Mar 2005, 18:47.